Qu’il soit indépendant ou hollywoodien, le cinéma tient une grande place dans la pratique d’Angélique Aubrit de par les puissantes allégories du quotidien qu’il met en image. Particulièrement à travers ses rôles féminins, ses drames et les décors qui habillent ces scènes. Les personnages qu’elle choisit, qu’ils viennent de films particuliers, ou de son imagination pour d’autres, ont tous en commun de décrire et d’exprimer une scène de violence, un malaise, l’impossibilité de se sentir libre d’agir face à l’altérité, l’incapacité d’être acteur de leur propre vie et le désir de l’être, de prendre les choses en main. À travers notamment la pratique du tie-dye, ou l’esthétique du carillon, qui au cinéma prévient d’un événement à venir, d’une tempête, d’une force en jeu, elle fait référence aux désirs de certaines personnes de croire autant dans leur puissance d’agir, de changer les choses, que dans des puissances invisibles qui leurs échappent, qu’elles soient réelles et intimes ou surnaturelles.
Coraline Guilbeau écrit des textes qui mettent en scène des personnages qu’elle incarne lors de ses performances. Dans ces dernières, elle cherche à ce que les spectateurs soient partis prenantes de l’expérience, bien souvent en s’adressant à certains d’entre eux dans un dialogue qui suggère une intimité présente et/ou passée entre les deux personnes. Pour cela, elle raconte des histoires mêlées de détails ordinaires, personnels ou mystérieux. Le but étant que le spectateur ne sache plus très bien où commence ni où se termine la performance et s’il y a lieu d’intervenir ou s’il faut laisser l’histoire qui se joue se dérouler telle qu’elle. Dans la plupart de ses récits, Coraline s’interroge sur les pertes de mémoire ou de sensations qu’un corps peut rencontrer, se demandant dès lors comment parvenir à vivre quand on ne se souvient plus qui on est. C’est via ce type d’angoisses existentielles (angoisse d’abandon, de morcellement, de séparation) qui traversent l’être qu’elle cherche à comprendre comment parvenons-nous à déterminer qui nous sommes ou qui nous voulons être.
Dans le cadre d’une résidence de 15 jours à Zsenne Art Lab, Angélique Aubrit et Coraline Guilbeau travaillent ensemble pour la première fois.
Life sucks présente le travail réalisé durant cette résidence.