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La Restance
Une recherche de narration audiovisuelle par Alessandra Coppola
(...) Par opposition à un mot comme permanence qui désigne la continuation d'une présence ou d'une substance, la Restance désigne ce qui supplée à une absence.
Elle surgit, une autre fois, traverse et transforme ce qu'elle répète, sans revenir jamais au repos, à la permanence.
Si la survie est la substance d'une vie identique à elle-même, qui fait retour dans sa permanence, la Restance s’en différencie étant la survivance ou la revenance, dans un autre contexte, d'une vie identifiable, qui est à la fois la même et altérée. (...) Jacques Derrida
SUJET de la recherche
Ce monde n’irait pas si vite s’il n’était pas constamment poursuivi par la proximité de son effondrement. « Maintenant », Comite invisible, 2017
Nombre d’études parlent d’un déclin probable de notre civilisation : l’humanité est menacée par l’effondrement des écosystèmes, les institutions démocratiques sont dépassées par les intérêts des multinationales, la culture de masse ne réussit plus à proposer autre chose qu’être un insatiable consommateur ou un producteur docile qui ne se pose pas de questions.
Nous vivons une époque de crises : crise énergétique, crise écologique, crise politique... Existe-t-il un moyen de ne pas être en crise ?
Mettre «l'Homme au centre" était le projet de la civilisation occidentale fonctionnelle au capitalisme dans une dialectique de la subjectivité et de l'objectivité dans laquelle, l'homme libre, agit sur la nature comme sa propriété, comme son objet, avec toutes les conséquences que nous pouvons vérifier chaque jour, sur l’environnement, les liens sociaux, l’état de notre démocratie.
Reconnaître que les liens unissant la nature à l'homme sont ontologiquement insécables puisque l'homme est une partie de la nature, implique que celui-ci se doit avant tout d'habiter pleinement celle-là.
Mettre "la Terre au centre» dans un projet de vie commune revitalise les questions liées à l'écologie, la culture, la politique, et permet de repenser les crises en termes d'opportunités.
Nous constatons un tel approche dans différents pays d’Europe et du monde entier dans un mouvement croissant de la ville vers la campagne pour repeupler les zones rurales et mettre en place des projets de vie commune, un approche qui révolutionne complètement les vues et les paramètres d'évaluation sur l'être et qui implique une réorganisation complète des priorités et des raisons d'agir.
Les implications sont radicales, profondes et spécifiques à chaque territoire.
À partir de nouvelles valeurs, de pratiques agricoles virtuoses et de l'imagination d'un monde différent, des nouvelles communautés se créent .
Leurs outils sont les bonnes pratiques liées à l'agriculture, la formation, la transmission du savoir, l'activation du bas, l'inclusion et la mise en valeur de l'autre, l'art, la préservation de la biodiversité et de la beauté, les liens entre les gens et le bien commun. Ce village est devenu un noyau original de résistance et de proposition alternative à l’acceptation passive des dogmes et récits globaux. Il met en place non seulement une résistance au modèle néolibéral, mais aussi une proposition concrète qui atteint des valeurs largement partagées.
Ma recherche c’est proposé d’en observer une en particulier, celle de Castiglione d’Otranto, un petit village dans le sud de l’Italie et en se posant la question du rôle du langage artistique, en particulier audiovisuel, dans un tel processus :
Les questions suivi jusqu’à maintenant ont été :
- Quel type de récit et quel langage ?
- Comment la narration nourrit l’imaginaire en accompagnant un processus en devenir ?
La recherche s’articule en des périodes de récolte de matériel audiovisuel sur place et des périodes d’élaboration de la matière, d’étude et observation des possibilités narratives qui peuvent émerger de la matière même. Cette résidence constitue un de ces moments de réflexions. Le travail est amené par l’artiste dans un échangé avec des différentes figures qui sont invitées pendant la résidence : un dramaturge, des activistes bruxelloises impliquées dans des projets similaires sur le territoire belge, un philosophe et un sociologue.