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Mon travail a pour sujet le passage de l’objet à la mystification. Je m’intéresse à l’instant où l’objet perd son statut premier (de simple objet réel) pour prendre une nouvelle fonction dans l’espace et acquérir une dimension fictionnelle. Ma pratique peut être considérée dans son ensemble comme une proposition se situant entre présent et fiction, transportant l’art comme un scénario en temps réel.

Le scénario est une dimension qui m'intéresse beaucoup. L'aspect fictionnel qui se dégage dans mes expositions porte à réfléchir sur les tenants et les aboutissants de projets et de prototypes. Une trame se tisse entre les différents éléments réunis autour d'un même projet. Une correspondance écrite, une campagne publicitaire, une cabane de chantier (mon espace de travail sur site) participent à ce scénario.

L’objet réalisé se situe entre deux états: en le proposant comme sculpture dans un premier temps et comme objet prototype dans un second temps. Lorsque je parle de prototype, je souligne le fait que l’objet a perdu son statut d’œuvre d’art pour laisser place à un objet singulier, avec un usage bien défini. Il laisse apparaitre une trace d’action dans une dimension et une circonstance précise autre que ce que le réel soumet à première vue.

C’est cet instant que je veux souligner dans mon travail où la « technique humaine » sert à confectionner des objets qui deviennent par la suite, grâce à un processus imaginatif complexe, des choses extraordinaires, surnaturelles et utopiques.

L’espace dans lequel est présenté l’objet prototype subit aussi une transformation. Par ces différentes mutations, nous pouvons remarquer  que lorsque l’objet devient mythe, il lui faut un cadre adéquat pour que l’imagination opère à cette transformation. Le lieu doit être recontextualisé de manière à ce que l’objet revendique son existence autrement qu’au travers de son statut propre de sculpture. L’installation propose alors une situation  amenant l’objet à un devenir, à un potentiel autre que celle d’œuvre d’art. De par ce processus, l’objet prototype est susceptible d’être prolongé, ré-exécuté à travers l’expérience imaginative.

Cette mutation de l’objet présente dans mon travail est explicite dans le cinéma ou le roman de fiction. L’atmosphère et l’ambiance qui peuvent s’y trouver sont plus propices à cette métamorphose. Dans le Roman de Stephen King Christine,  l’automobile devient maléfique et incontrôlable, s’attaquant de manière vicieuse à son pilote. Ou encore dans le film Fantasia : Mickey est un magicien qui enchante les objets du quotidien pour les rendre utiles aux tâches ménagères.

Les références diverses qui nourrissent ma réflexion et les formes que je propose me permettent d'élaborer un système complexe d'interprétations possibles qu'elles soient d'ordre universelles ou plus personnelles et individuelles. La science-fiction est un genre auquel je me rattache directement. Elle m'intéresse pour l'entre-deux qu'elle crée, dans ses dimensions réelle/fictionnelle, et rendre possible l'impossible, imaginable l'inimaginable.

Rémi Tamburini